« Dans le  torrent de modes, de fantaisies, d’amusements, dont aucun ne dure, et dont l’un détruit l’autre, l’âme perd jusqu’à la force de jouir, et devient aussi incapable de sentir le grand et le beau que de le produire ». 

Denis Diderot, « Le luxe » Encyclopédie 1765

Pour moi l’expression artistique est le sel de la vie. Je suis né dans une famille de créatifs. Deux de mes sœurs sont comédiennes. Ma mère mena une carrière prestigieuse dans la mode. Mon père est un intellectuel passionné de littérature et d’écriture.

À l’adolescence, j’ai découvert la pratique de la musique et Bob Dylan. Sa voix nasillarde, son jeu maladroit à la guitare et sa poésie surréaliste envoyaient des messages à ceux qui voulaient entendre : « soyez vous-mêmes, la créativité est sans limites ! » Depuis, je n’ai pas vécu un seul jour de ma vie sans écouter Bob Dylan. 

Dans mon métier, je cherche un équilibre entre la photographie d’auteur et la photographie commerciale. Je lutte pour ne pas abandonner mon esthétisme dans un projet commercial. Ce qui nous donne des émotions doit être protégé. Il faut avoir le courage d’exprimer une vision personnelle. Une véritable urgence dans une époque qui aseptise tout.  

Je suis passionné par la photographie des années 1920-1930. Rodchenko, Man Ray, Horst, Hoyningen-Huene sont les maîtres de cette époque, celle du Néo-classicisme. Un art élégant et sobre débarrassé des frivolités. Chaque fois que je me promène au Trocadéro, je ressens le génie de cette époque. Tout y est clair, net, empreint de simplicité.

Le Néo-classicisme peut régénérer l’art et apporter des valeurs à nos sociétés contemporaines. Face à la crise et à l’agression inouïe du virus, nous avons aujourd’hui besoin de stabilité. Il faut se débarrasser du changement pour le changement et revenir à des règles communes. Le goût pour le buzz et la vulgarité doit être substitué à la passion pour l’harmonie.

La dignité est une valeur qui est au centre de mon travail photographique. Chaque personne pour moi est précieuse, qu’elle soit une star de la musique ou un salarié anonyme. Ma mission est de valoriser les personnalités. Cette photographie humaniste exprime mon attachement aux valeurs de partage et de solidarité.

Mes clients apprécient l’attention que je porte au détail ainsi que mon contrôle de la lumière. L’expérience du reportage m’a conféré une rapidité d’exécution. L’expérience du studio m’a apporté un sens de la précision. Cette attention pointilleuse a été relevée par différents magazines ainsi que par des commissaires d’exposition ( exposition « Past Forward » en Italie, ” Dans la ligne de mire ” Arts Décoratifs en France ). En 2015, le magazine américain Graphis m’a décerné le prix « Platinum Winner » parmi 100 photographes internationaux sélectionnés.

Photographier des artistes comme Eddy Mitchell, Etienne Daho ou Manu Dibango donne une expérience unique. Ce travail pour les maisons de disque (Warner, Universal, Sony) fut passionnant et très créatif. J’ai eu la chance de collaborer avec deux graphistes de grand talent : Gilles Guerlet et Jérôme Witz. Cette collaboration s’est poursuivie pour le théâtre de Théâtre de l’Odéon dirigé par Olivier Py.

Depuis vingt ans, je connais le bonheur de la variété. Que ce soit le portrait, le reportage corporate ou la nature morte, j’apporte la même passion pour l’image. Cette attitude me permet de rester compétitif et d’être choisi pour réaliser des campagnes de publicité ou des séries de portraits. Pour moi, la photographie doit procurer du rêve et être plus large que la vie elle-même.

En dehors de ma passion pour la photo, je tente de survivre avec ma femme parmi notre tribu féminine. J’ai bataillé durant ma jeunesse avec quatre sœurs, je bataille aujourd’hui avec trois filles, un vrai Karma ! Une aînée à l’âge de l’adolescence, qui donne de la voix sur des jumelles survoltées. Des rires, des claquements de porte, des réconciliations … notre vie au quotidien traversée par Flocon notre chat flegmatique.

À cette joyeuse tribu, je communique mes passions : les grands espaces, la montagne et la littérature. Vivre cette époque avec espoir… vivre libre dans la simplicité, la clarté et l’harmonie.